Sortie de résidence – Maly Chhum

Maly Chhum
La Tache

Solo de clown (e) qui dérange

Samedi 25 février à 18h


Durée : 45 min / 1h

Âge : tout public à partir de 8 ans

Gratuit sur réservation


Parler du corps, du dedans, de ce qui le traverse et de ce qui en sort.


Résumé

Prohöck Niak découvre son corps vivant et changeant au fil des saisons. Coupable, victime et témoin de sa vie intérieure mouvementée, les émotions provoquées prennent le pas sur son corps qui se métamorphose à vue. Tour à tour femme sans bras, naine, petit animal, apsara, yokaï ou créature surnaturelle, elle laisse l’étrangeté et le merveilleux s’emparer du plateau pour évoquer ses bouleversements corporels qui donnent à voir son intimité physique, à la fois singulière et universelle.

De métamorphose en métamorphose, elle se découvrira elle-même grandie.

Le spectacle

Mon point de départ dans le travail est toujours mon corps, ce qu’il sent, ce qu’il vit, ce qui le traverse et ce qui en sort. C’est un monde en soi, qui lui même cherche sa place dans le monde.

Il m’aura fallu presque 20 ans avant de sentir la nécessité d’écrire pour ma clown ainsi que la maturité pour prendre à bras le corps cette envie et me jeter, tête la première, à cœur ouvert dans cette quête. Je ne peux plus cacher qui je suis. Ça m’habite, ça me préoccupe, ça doit sortir, s’évacuer, éclater au grand jour.
Attention ça va tâcher !

Les émotions ont une manifestation physique. Quand on en est conscient, elles s’atténuent.
C’est dans la pratique du clown que j’ai appris à prendre du recul avec elles, pour en jouer, les étirer, les malaxer, m’amuser à les développer, leur parler, jongler avec elles.

La voix et les sons du corps, qu’est ce que c’est ? Ça se concocte à l’intérieur, ça vibre et un son sort. Si ça sort, est-ce encore à moi ?
L’air inspiré et expiré, c’est à moi ? tantôt j’en ai trop, tantôt j’en manque, comment fait-on pour partager
l’air qu’on respire ?
Mes membres et mes organes, ont-ils une vie propre ? Qu’ont-ils à dire, à moi et au monde ?

Mon corps est une matière vivante et c’est le point de départ dans ma recherche.
Dans mon solo de fin de formation au Samovar, j’ai choisi de parler du sang dans ma culotte.
Mes premières règles. À leur arrivée, j’ai eu peur, je croyais que j’avais fais quelque chose de mal.
Ma mère ne m’avait pas expliqué qu’un jour ça arriverait. Et comme elle était toujours en colère quand je me faisais mal, j’ai préféré ne rien dire et faire comme si je ne savais pas ce qui m’arrivait.

J’avais l’envie de parler de ce sujet artistiquement mais je n’imaginai pas le faire en clown
Le clown n’est pas genré à ce point, pensai-je.
Et puis pourquoi pas ?
Une des tâches du clown, c’est de parler des tabous, en les faisant poèmes.
En rejouant ce qui m’est arrivé intimement, dans ma chair, je rends publique et spectaculaire un phénomène qui touche la moitié de la population, les femmes. Je ne prétends pas parler en
leur nom, car chacune l’a vécu, le vit ou va le vivre à sa façon, selon son histoire. Mais le phénomène, cette métamorphose du corps, elle, est humaine, féminine, universelle.

Ce qui m’importe aussi dans mon projet, c’est de laisser une ouverture dans l’interprétation de l’œuvre. Tout le monde n’y voit pas les menstrues et c’est tant mieux.

Suite à la création de ce numéro, j’ai eu envie de continuer de parler de cela en élargissant aux différentes étapes de la vie et du corps de la femme (règles, désir, avortement, accouchement, vieillesse…).

Je crois que notre être subit ou fait des métamorphoses tout au long de notre vie. Il y a un échange continu entre notre monde intérieur et le monde extérieur, le dedans et le dehors. Je suis poreuse, en transformation perpétuelle et en quête de sens. A travers le clown, je m’explique poétiquement le monde et c’est une mythologie qui s’invente à chaque instant.

L’équipe de création

Maly Chhum

« Je découvre le théâtre « clandestinement » en faisant signer à ma mère le dossier d’inscription à l’option lourde théâtre du lycée, sans qu’elle ne s’en rende compte. Ma curiosité et mon attirance pour un monde que je n’aurai pas connu autrement est plus forte.

Je poursuis mes études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle où je découvre pour la première fois la pratique du clown. Ce sera pour moi une révélation sensible de ce qu’est l’art vivant. Le clown est vivant de tout son coeur et de tout son corps. Je n’avais pas
compris durant mes années de pratique théâtrale au lycée à quel point je pouvais prendre en compte mon corps sensitif, sensible et émotionnel dans le jeu tout en restant présente aux autres, partenaires et spectateurs.
Ce stage provoque un déclic dans mon investissement et mon engagement physique en jeu. Je continue alors à explorer la pratique du clown avec différents pédagogues mais il me faudra 18 ans avant de décider d’en faire sérieusement mon chemin de vie, et d’entamer la formation professionnelle du Samovar.

De 2010 à 2012, je suis comédienne dans Oedipe Roi et Médée Matériau mis en scène par Luca Giacomoni. Je découvre comment le travail sur les mythes fondateurs peut bouleverser notre perception du monde et de nous-même.

Le travail de recherche sur Médée Matériau m’a permis de plonger dans mon corps de femme et de le mettre en scène. Dans le travail clownesque, je ne m’étais pas posé la question de ma féminité jusque là. Durant cette période de travail autour de la tragédie grecque, je n’arrivai pas à établir de ponts entre jeu clownesque et théâtre tragique. C’est plus tard que le désir de faire fusionner les deux univers me vient, et c’est aujourd’hui que cela transparaît dans ma recherche artistique personnelle. »

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Sky de Sela
Artiste de cirque, clown, pédagogue, metteuse en scène, regard extérieur. Fondatrice de la compagnie Mezcla.

Elle se forme à l’école Nationale de Cirque de Montréal, à Circus Circus (Belgique) et Circus Flora (USA) .
Elle prête son regard aux compagnies suivantes : Collectif A Sens Unique, Le Ptit Cirk (création Eden) , Le ptit Cirk (création Les Dodos) , cie La Folle Allure, cie La Voie Ferrée, Les Diptik. Cirque de Loin…

Simon Carrot
Artiste de cirque, metteur en scène, regard extérieur. Fondateur de la compagnie La Tournoyante Production.

Il se forme au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne.
Il collabore ensuite avec les compagnie suivantes : Le Petit Travers, Les Philébulistes, Compagnie Starting Point. Sa compagnie compte quatre créations à son actif : Limbes (2011), Kosm (2013), No/More (2016), et Mû (2020). Elle est compagnie associée à Quelques p’Arts… – Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public.


Devise de Prohöck Niak :
« Je n’ai rien perdu, je n’ai rien gagné, je me suis transformée ! »


Une création de la Compagnie La Tache / Maly Chhum
Écriture, interprétation et mise en scène : Maly Chhum
Regards extérieurs : Sky de Sela, Simon Carrot

Lauréat Premiers Geste(s) – Jeune création en arts du mime et du geste en coproduction avec le Groupe Geste(s) et le Théâtre des Bergeries (93)

Coproductions : Groupe Geste(s) ; Théâtre des Bergeries (93)
Soutiens et aides résidences : Espace Périphérique (La Villette – Ville de Paris) ; Ville de
Bagnolet (93) ; Le théâtre Samovar (93) ; CorpusFabrique de Ville Evrard (93) ; Le Lieu (78)